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Au pays de l’eau noire [In the land of black water]
Credit: Reportage et photos : Nicolas Pham | Texte : Marine Lefevre | Édimestre : Vincent Wallon | ici.radio-canada.ca ~~
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Des résidents en Ontario vivent un cauchemar depuis l’installation d’éoliennes proches de leur domicile.
Marc St-Pierre ne boit plus l’eau de son puits depuis quatre ans, depuis que l’eau qui en sort est devenue noire. Il n’est pas seul dans cette situation. Plus d’une vingtaine de familles de sa région ont le même problème.
La couleur viendrait de sédiments de schiste noir en suspension dans l’eau. Depuis cette découverte, ces résidents de la région de Chatham-Kent, en Ontario, disent vivre un véritable cauchemar.
« Nous ne pouvons rien faire. Nous utilisions l’eau pour tout. Je ne peux même pas prendre de bain. Mon monde est complètement bouleversé à cause de ça », se désole Marilyn St-Pierre qui réside à Dover Center.
« Notre eau est finie et notre vie avec. Je ne peux même pas installer un jeu de glissade pour mes enfants et petits-enfants », constate en larmes Christine Burke, qui habite tout près.
LA FAUTE AUX ÉOLIENNES
À la recherche de réponses, les yeux des résidents se tournent rapidement vers les projets de parcs éoliens en cours de construction à proximité de chez eux. Les problèmes, affirment-ils, ont commencé en même temps que les travaux à la fin de l’année 2012 et peu de temps après le début de la construction du parc éolien East St. Clair, à Dover Center.
« Nous n’avons pas à l’époque réalisé ce qui se passait. Je ne voulais pas croire que les turbines pouvaient être en cause. » – Marc St-Pierre
Ce n’est que lorsque d’autres voisins se manifestent qu’il se rend compte de l’ampleur du désastre. Tous habitent dans un rayon de 7,5 km, à proximité du parc éolien.
Douze éoliennes se dressent autour de la propriété de Marc St-Pierre, la plus proche est située à 550 m de sa maison.
Le problème ressurgit en mai 2017, quelques semaines à peine après le commencement des travaux d’un autre projet de parc éolien, North Kent One.
« Ils ne veulent pas avouer. Mais c’est bizarre : mon puits est perdu, le puits voisin est perdu, le puits sur l’autre concession est perdu. Tout est perdu depuis qu’ils ont commencé avec North Wind », explique Lucy Defraeye, une autre résidente touchée.
Une hypothèse que croit volontiers Keith Benn, un géologue professionnel qui travaille depuis plusieurs années dans l’industrie minière en Ontario. Selon lui, la relation entre l’installation d’éoliennes et la contamination des puits est évidente.
« C’est une preuve circonstancielle, d’accord. Mais quand vous avez une source d’eau [pure] pendant des années et qui [se transforme] quelques jours après la construction d’une installation industrielle. Il ne faut pas être un génie pour constater qu’il y a un lien de cause à effet », note-t-il.
« Une conviction partagée par Bill Clarke, un géoscientifique agréé en Ontario depuis 43 ans. « Nous faisons la connexion entre la construction et le parc éolien puisque c’est la seule chose d’importance qui ait changé aux alentours de Chatham-Kent », explique-t-il.
« Il y a des résidents ici depuis des générations. C’est la première fois que quelqu’un relève des problèmes de qualité de l’eau. » – Bill Clarke, géoscientifique
UNE COMPAGNIE NON RESPONSABLE
Marc St-Pierre et sept de ses voisins se tournent vers le ministère de l’Environnement de l’Ontario en 2013 pour avoir des réponses.
L’eau est déclarée propre à la consommation par des inspecteurs du gouvernement.
« Ils ont fait des tests pour vérifier la présence de bactéries, mais ils n’ont jamais fait de prélèvement de sédiments. » – Marc St-Pierre
Démunis et toujours aux prises avec une eau noire, ils décident simplement d’installer des filtres, sans jamais recevoir de compensation.
L’histoire est différente pour les citoyens touchés autour du parc North Kent One. Là, la présence de sédiments est telle que les puits sont complètement bouchés.
Les résidents s’adressent à la compagnie Pattern Energy, propriétaire du projet, qui soutient qu’elle n’a rien à voir avec le problème.
Selon les ingénieurs de l’entreprise, il est impossible que la construction de turbines puisse causer de tels problèmes.
Gagan Chambal est directeur de travaux chez Pattern Energy. Il affirme que les recherches effectuées avant de commencer le chantier démontrent qu’il est impossible que des particules de schiste noir, ou quoi que ce soit d’autre, puissent être transportées des chantiers de construction des turbines aux puits situés à des centaines de mètres de distance.
L’étude menée par l’agence de consultants environnementaux Golder Associates ne convainc pas Keith Benn, surtout parce qu’elle est basée sur des modèles et non des analyses empiriques sur le terrain.
« Un modèle ne prouve rien, il ne fait que prédire quelque chose. S’il prédit quelque chose de faux, alors ce modèle est erroné. Et il semble que ce soit le cas ici. » – Keith Benn, géologue
Si les experts ne comprennent pas exactement les causes de cette situation, plusieurs montrent du doigt la technique d’installation par battage de pieux des fondations des éoliennes qui endommagerait l’aquifère.
DES RÉSERVOIRS DE DÉPANNAGE
L’entreprise se dédouane, mais il y a quelques semaines, elle a fait livrer chez plusieurs résidents d’immenses cuves d’eau pour remplacer les puits.
Selon M. Chambal, il s’agit d’une simple démarche de bon voisinage.
« Dans le cadre de notre permis, nous n’étions censés fournir des réservoirs uniquement que s’il était déterminé que notre construction avait une incidence sur la qualité de l’eau. Mais, étant de bons voisins, nous avons pris des mesures proactives pour aider la communauté. Les résidents qui se plaignent de la qualité de l’eau ont donc accès à de l’eau propre même pendant l’enquête », souligne-t-il.
Une solution temporaire qui est loin de satisfaire les résidents qui s’inquiètent aussi de la salubrité de cette eau.
« Quant à moi, c’est une citerne pour donner de l’eau aux animaux ou pour travailler dans les champs. Elle est sale à l’intérieur. On ne peut pas boire cette eau-là, ni laver nos légumes ou cuisiner », affirme Lucy Defraeye.
Et l’arrivée de l’hiver n’annonce rien pour les rassurer.
« Mon réservoir est à l’extérieur. L’hiver s’en vient, je vais avoir de l’eau gelée », renchérit, frustré, Calvin Simmons.
Mais au-delà des inconvénients, ces résidents se sentent abandonnés, surtout par le gouvernement.
DES POUVOIRS PUBLICS PEU À L’ÉCOUTE
Kevin Jakubek est porte-parole de Water Wells First, une association de protection de l’eau potable qui rassemble les résidents touchés depuis 2013.
Il affirme que le gouvernement ne fait pas son travail et devrait enquêter sur tous ces puits devenus inutilisables.
« Nous avons demandé au ministère de l’Environnement d’enquêter depuis plus d’un an et demi et ils ne font pas d’enquête. Ils viennent, ils font quelques tests, mais ils refusent de prélever des échantillons du polluant », dit-il.
Une impression que Marc St-Pierre a lui-même eue.
« Un inspecteur du ministère est arrivé à la maison et je lui ai montré l’eau qui venait du puits elle sortait noire, je lui ai demandé de prendre ça pour l’examiner. Il ne voulait pas toucher. Il ne l’a pas pris. Ils ne veulent pas savoir ce qu’il y a dans l’eau », raconte-t-il.
Pour M. Jakubec, c’est simplement l’histoire qui se répète.
« Les gens ont commencé à remarquer que leur eau était noire. Le gouvernement était au courant et ils n’ont absolument rien fait. Ils ont permis la construction d’un autre parc dans un autre comté. Et là encore, il y a des puits contaminés. » – Kevin Jakubek, porte-parole de Water Wells First
EN ATTENTE DE RÉPONSES
Les citoyens sont frustrés par le peu de cas fait de leur situation.
Même si le gouvernement affirme que l’eau est tout à fait propre à la consommation une fois qu’elle a été filtrée, des experts affirment qu’elle contient des métaux lourds dangereux pour la santé.
« Je suis déjà passée à travers un cancer et ma plus grande peur, c’est d’en avoir un autre. » – Marilyn St-Pierre
Ce que demande Water Wells First, c’est que les travaux soient suspendus le temps d’identifier la source du problème.
Les résidents ont déposé des plaintes auprès du ministère de l’Environnement et des Changements climatiques qui sont actuellement à l’étude.
Pour Bill Clarke, ces démarches vont prendre du temps, un temps au cours duquel les résidents ne pourront pas profiter de la source d’eau potable dont il avait pu jouir jusque là.
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