January 23, 2021
France

Echauffour. Le parc éolien est mis à l’arrêt par décision préfectorale

Par Véronique Couvret Publié le 22 Jan 21 à actu.frPar Véronique Couvret Publié le 22 Jan 21 à actu.frPar Véronique Couvret Publié le 22 Jan 21 à actu.fr

[Echauffour wind turbines shut down]

À l’issue de la réunion de médiation organisée vendredi 22 janvier 2021 par la sous-préfète d’Argentan, la mise à l’arrêt du parc éolien d’Echauffour a été décidée. Une première !

Après deux heures d’une réunion assez tendue et dirigée d’une main de fer par Christine Royer, sous-préfète d’Argentan assurant l’intérim de Mortagne-au-Perche, un soulagement a gagné le collectif des riverains de la zone éolienne d’Echauffour lorsqu’elle a annoncé sa décision de « mettre à l’arrêt le parc éolien », le rapport acousticien réalisé par Venatech « mettant en évidence des non-conformités persistantes ». Ce qui avait été plusieurs fois dénoncé par les riverains.

Elle a précisé que le redémarrage du parc sera conditionné à la réalisation d’une tierce expertise, sous contrôle du juge administratif.

Une telle décision, saluée par la députée LR Véronique Louwagie, est, semble-t-il, une première en France.

Faire fonctionner le parc dans les normes

Il n’est pas question de démanteler les cinq éoliennes. Durant la réunion, la sous-préfète avait d’ailleurs été claire à ce sujet. « Notre objectif, c’est de faire fonctionner le parc dans les normes », rappelant que le rôle de l’État est de faire respecter la loi, pas plus.

« Nous vous avons écoutés. L’État entend vos préoccupations mais je ne peux pas aller au-delà »
Christine Royer
Sous-préfète d’Argentan

Elle a assuré que cette « mesure d’urgence » qui doit encore être signée par la préfète de l’Orne, « sera mise en place très rapidement ».

« Belle avancée »

« C’est la première fois que nous sommes un peu entendus », a reconnu Fabien Ferreri, le porte-parole du collectif. Il a remercié la députée Véronique Louwagie, présente, « pour [son] engagement ».

« Notre unique objectif, c’est de passer des nuits sereines et des journées tranquilles »
Fabien Ferreri
Riverain de la zone éolienne

Comme chaque habitant est en droit d’attendre dans sa demeure.

Eric Gervais, un des premiers opposants au projet, a parlé d’ « une belle avancée ». Cependant, la défiance étant très forte vis-à-vis de l’exploitant Voltalia, il a confié qu’« [il] aimerait, [pour la tierce expertise], qu’ils prennent notre expert, en plus du leur ». Histoire de calmer les esprits.

Venatech empêché de faire son travail

Du côté de l’exploitant éolien, on faisait grise mine… ou pâle figure. Laurent Chamerois, ingénieur-conseil et directeur d’Eol-C, un cabinet qui épaule Voltalia sur la partie acoustique, a déclaré que Venatech « avait été empêché de mesurer comme il aurait fallu. Aujourd’hui, on nous reproche des manquements qui ont été amplifiés par les refus des riverains ».

À cela se sont ajoutées « des données perdues par Venatech suite à une erreur de manipulation » explications qui ont laissé dubitatifs les Echauffouriens présents.

Rappelons que les riverains de la zone éolienne d’Echauffour ont en effet refusé de poursuivre la campagne de mesures acoustiques trois mois de plus, donc au-delà du 2 décembre 2020, comme cela a été demandé par Voltalia et accepté par la Dreal (Direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement).

Ils estimaient, en effet, qu’une étude de 90 jours était amplement suffisante, la durée moyenne d’une campagne de mesures acoustiques étant généralement inférieure à 45 jours.

« Les gens sont à bout »

Comme il l’expliquait déjà dans nos colonnes le 22 décembre, Fabien Ferreri ne voyait là qu’un moyen pour Voltalia de « poursuivre sa campagne d’équilibrisme pour arriver à des résultats que nous ne pourrons plus contester qu’avec des procédures longues, coûteuses et épuisantes moralement ».

Une « mise en cause de la bonne foi de Voltalia ainsi que le professionnalisme et l’indépendance de Venatech difficile à vivre » pour Laurent Chamerois.

Mais « les gens sont à bout », a fait valoir une habitante. Comme l’a signalé Fabien Ferreri « 634 jours et 635 nuits, c’est long ». Elle-même « ne connaît plus le silence », souffrant d’acouphènes.

« C’est invivable ! »
Une riveraine de la zone éolienne

Pour aller plus loin et trouver une solution enfin respectueuse de la législation, Voltalia estime pour sa part avoir encore besoin de poursuivre les mesures acoustiques, ce qui ne sera pas possible avec l’arrêt du parc.

Désignation d’un tiers expert

Il faut désormais attendre la désignation du tiers expert par Voltalia, sous réserve de l’accord de la Dreal qui a la possibilité de le récuser.

L’administration a précisé attendre de ce tiers expert qu’il donne « ses conclusions ainsi que des pistes pour redémarrer le parc, si celui-ci peut fonctionner de façon réglementaire ».

C’est bien là le problème majeur de ce parc éolien depuis son installation.


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