May 18, 2014
France

Les éoliennes en mer de Ségolène Royal font déjà des vagues au Tréport

Publié le 10/05/2014 AFP lavoixdunord.fr

[Ségolène Royal’s off-shore wind turbines already making waves.]

 Les habitants du Tréport se mobilisent contre le projet de parc éolien en mer annoncé par Ségolène Royal. PHOTO AFP

 Les habitants du Tréport se mobilisent contre le projet de parc éolien en mer annoncé par Ségolène Royal. PHOTO AFP

La ministre de l’écologie Ségolène Royal a annoncé mercredi 7 mai la construction de 60 à 100 éoliennes en mer au large du Tréport, port de pêche de Seine-Maritime. Les habitants rejettent le projet, pas effectif avant 2021.

Les habitants du Tréport se mobilisent contre le projet de parc éolien en mer annoncé par Ségolène Royal.

« Il est bon notre turbotin ? Profitez-en pendant qu’on peut encore en avoir ! », lance Liseline Lavoine à des clients de son restaurant : au Tréport (Seine-Maritime), la colère monte depuis qu’a été officialisée mercredi l’implantation d’éoliennes en mer, au large de ce port de pêche. La petite ville de 5 000 habitants, qui a développé un tourisme populaire lié à la pêche, craint que le futur parc d’éoliennes géantes ne signe à terme la mort économique de ses 50 petits bateaux et 250 marins pêcheurs, dont l’activité fait vivre quelque 750 personnes.

« Désastre écologique »

« Si on n’a plus de port de pêche, on perd notre âme, on perd notre coeur », plaide la restauratrice, présidente de l’union des commerçants tréportais et membre de l’association « SOS (Sans off-shore) à l’horizon ». Annoncé mercredi par la ministre de l’Ecologie Ségolène Royal, le parc attribué à un consortium mené par GDF-Suez comprendra entre 60 et 100 éoliennes hautes de 200 mètres, à une quinzaine de kilomètres du rivage.

«Cela va être un désastre écologique et ce sera la mort de la pêche artisanale. Au Danemark (où l’éolien off-shore s’est massivement développé, ndlr), elle n’existe plus », affirme Olivier Becquet, gérant de la coopérative des pêcheurs (CAPA).

Des fonds marins propices

La zone de pêche du Tréport est abondante (8 000 tonnes pêchées chaque année) et peuplée de nombreuses espèces, comme la sole, la seiche, le turbot, les crevettes, les coquilles Saint-Jacques, les tellines, les pétoncles, les amandes de mer… Mais c’est précisément là que seront implantées les éoliennes, car les fonds marins y sont moins profonds qu’à d’autres endroits du littoral de la Manche.

Les opposants, qui ont disposé à l’entrée de la ville des grands panneaux criant à l’« escroquerie écologique », font valoir que les machines barreront une partie de l’horizon depuis Cayeux-sur-Mer, près de la baie de Somme, à l’est, jusqu’à la centrale nucléaire de Penly, à l’ouest.

« Port de pêche unique »

Premier site pressenti historiquement pour de l’éolien en mer en France, avec un projet de la Compagnie du Vent, PME pionnière dont les études ont été reprises par GDF-Suez, Le Tréport lutte depuis des années pour préserver sa ressource halieutique et touristique. « Nous avions proposé d’autres zones mais ils n’ont pas voulu », regrette Laurent Jacques (PCF), premier adjoint au maire communiste de la ville. Pourtant, « à Fécamp, ils ont choisi une zone où les pêcheurs n’allaient pas », note-t-il, faisant allusion à l’autre port haut-normand, où va être implanté, par EDF cette fois, un autre champ éolien.

Or, au Tréport, la pêche a une importance vitale pour toute l’économie locale, font valoir les opposants au parc. « Le Tréport, c’est un port de pêche unique, où les touristes peuvent aller à pied voir les bateaux arriver et repartir. Le marché aux poissons est au coeur de la ville et les gens viennent s’approvisionner, leur glacière à la main », explique Magali Huc, directrice de l’Office du tourisme. Les touristes viennent notamment du Nord-Pas-de-Calais.

Recours juridiques

GDF-Suez a assuré aux pêcheurs qu’ils pourront lancer leurs filets entre les éoliennes, espacées d’environ 1 km. « On n’y croit pas, jamais le préfet des affaires maritimes ne l’acceptera, pour des raisons de sécurité », assure M. Jacques. En regardant la mer depuis son restaurant, Mme Lavoine soupire: « On est en train de créer une pollution visuelle et de dangereux obstacles à la navigation ». Sans parler, ajoute-t-elle, des risques liés au déminage de bombes de la Seconde guerre mondiale, pour certaines chimiques, pendant les travaux.

Les anti-éoliens du Tréport ne baissent pas les bras : « Nous allons déposer des recours juridiques », prévient Gérard Bilon, président de l’association « SOS à l’horizon ».


URL to article:  https://www.wind-watch.org/news/2014/05/18/les-eoliennes-en-mer-de-segolene-royal-font-deja-des-vagues-au-treport/